La mangrove

Les mangroves sont des communautés biotiques d'animaux et de végétaux, caractéristiques de vases littorales marines soumises au flux et au reflux des marées.

Les mangroves couvrent environ 667 ha soit 1,8 % de la surface de l'île réparties sur 29 sites principaux. Elles occupent 76 km de linéaire côtier (29 % du littoral mahorais).

La mangrove est soumise aux contraintes de courants de la mer et des déplacements de sédiments associés, mais aussi des eaux venant des bassins versants. Le système des mangroves suit la même logique que les marais maritimes avec un étalement sur l'ensemble du système. On trouvera donc une vasière au niveau infralittoral (basse-slikke), de la mangrove au niveau intertidal (slikke) puis une zone marécageuse mêlée à de l'arrière mangrove au niveau supra littoral (schorre) (De la Torre Y. & Aubié S. (2003)).

Mangroves, Mayotte ©DEAL976

Mangrove ©F.Larrey

Les mangroves de Mayotte présentent un intérêt pour leurs rôles écosystémiques essentiels en terme écologique et de biodiversité globale (communautés estuariennes et marines, avifaune). Le palétuvier est l'arbre caractéristique des mangroves. Les détritus végétaux produits par les palétuviers sont à la base du réseau trophique de cet écosystème.

Jeune palétuvier ©DEAL976

Jeune palétuvier ©DEAL976

Elles jouent également un rôle prépondérant dans la protection du littoral. En effet la mangrove protège la côte des agressions due à la houle, aux tempêtes et aux cyclones.

D'autre part, les racines enchevêtrées des palétuviers forment un puissant rempart qui intercepte les particules charriées par les eaux de ruissellement venant de la terre. Ainsi les mangroves limitent la turbidité des eaux s'écoulant vers le lagon et garantissent des conditions optimales pour la croissance des herbiers et des coraux.

Les mangroves sont ainsi des écosystèmes presque systématiquement associés aux récifs coralliens.

 

Plage d'Iloni, mangrove et système racinaire ©F. Brossard

Plage d'Iloni, mangrove et système racinaire ©F. Brossard

 

La mangrove de Mayotte retient environ 12 243 000 m3 de sédiments [par an], soit environ 20.813.800 tonnes. Cela correspond à une épaisseur de 25 cm de vase sur tous les récifs frangeants de Mayotte.

Les mangroves sont également reconnues de façon générale pour être une zone importante pour la reproduction des poissons. Des études ont été menées à Mayotte sur les poissons adultes et les juvéniles. Au cours de ces études, 58 espèces différentes réparties dans 37 familles ont été identifiées.
 

A Mayotte, 7 palétuviers sont présents. Leurs répartitions varient depuis le lagon vers la terre en fonction de la capacité des différentes espèces à séjourner dans l'eau de mer. Aucun de ces palétuviers n'est endémique de Mayotte.
Sur les 43 espèces d'oiseaux recensées dans les mangroves de Mayotte, 15 (35 %) peuvent être considérées comme ayant un intérêt patrimonial fort : le Héron Crabier blanc (Ardeola idae), 13 espèces endémiques de Mayotte ou des Comores (soit toutes les espèces endémiques sauf le pigeon des Comores (Columba pollenii ) et le Drome ardéole, (Dromas ardeola ).
De plus, une étude a été menée fin 2015 sur les chauves-souris de petite taille (microchiroptères soit tout sauf les roussettes) dans les différents milieux de l'île. Elle révèle que la mangrove est la deuxième plus forte zone d'activité (après les plans d'eau) constatée par écoutes avec un détecteur d'ultrasons.
Les crabes de mangrove, aux nombre de 17 à Mayotte, sont des animaux extrêmement précieux pour le fonctionnement de la mangrove. Par leur action, ils façonnent la mangrove en creusant des terriers qui brassent la vase et aèrent le sol. De plus ils participent au recyclage de la litière en fractionnant les feuilles et en les enfouissant dans la vase.

Les habitats de mangrove présentent une grande vulnérabilité aux modifications des conditions hydrologiques et sédimentaires. Or ces conditions sont directement impactées par l'anthropisation des bassins versants (voir "Le recul des mangroves").

A cela s'ajoute les pressions sur la mangrove elle-même (remblais, prélèvement de bois, déchets, agriculture, urbanisme) ainsi que la perte de surface en front de mer dû à l'érosion marine.

Urbanisation en mangrove (©DEAL976)

Urbanisation en mangrove ©DEAL976


Par exemples, la mangrove de M'tsapéré a été défrichée et remblayée sur 200 m afin de construire la déviation routière. A Longoni, le développement du port de commerce passe également par un défrichement de la mangrove située à proximité de la pointe.
 

Exemples d'évolution de la superficie (ha) des mangroves

Sources : Atlas des mangroves, 2012 (données années 1949-2012) - Plan d'aménagement des mangroves, 2019 (données année 2017)
Tableau - exemples d'évolution de superficie (ha) des mangroves à Mayotte

 


Sources :